5 Décembre 1940
Front Sud
Trois Junkers Ju.86 du No.12 (SAAF) Squadron décollent pour une reconnaissance armée du secteur Mega — Moyale.
À l’issue de la mission, le fort de Mega est bombardé, sans succès, mais le n° 656 est touché au moteur droit. Celui-ci coupe peu après et l’appareil est contraint à se poser en territoire italien. Après l’atterrissage, trois membres d’équipages restent près de l’épave, tandis que trois autres décident de prendre, à pied, la direction du sud dans l’espoir de rejoindre une patrouille avancée des King’s African Rifles. Les deux autres appareils rentrent à Nanyuki à 15 h 25 et une recherche intensive est lancée par les No.11 et No.12 (SAAF) Squadron.
Il faudra attendre le 10 décembre pour qu’un appareil trouve enfin l’épave et les trois hommes d’équipage (Flight Sergeant J.W. Armstrong, Arthur R. Ingle et Air Mechanic T.A.C. Cockilin) abrités sous un arbre. Des rations alimentaires sont immédiatement larguées, tandis que des éléments de la 2nd South African Infantry Brigade sont envoyés depuis le fort de Marsabit. Ils sont de retour au Kenya le 13 décembre avec des aviateurs épuisés par huit jours d’attentes. Le pilote, le Lieutenant P.H. Vermeulen, est cependant porté disparu avec les deux autres membres d’équipages qui l’ont accompagné dans la marche vers le sud.
Les recherches continuent, donc, elles évoluent tragiquement lorsque le Fairey Battle L5176 n° 918 s’écrase, tuant tout l’équipage (Lieutenant Murdoch MacDonald, Flight Sergeant Paul C. Marais). Le corps du Lieutenant P.H. Vermeulen sera finalement trouvé sans vie quelques mois plus tard, tandis que les deux autres sont toujours portés disparus (Warrant Officer Marcus M. Hough et Air Sergeant William Roller).
Cet évènement tragique conduit la SAAF a adopté plusieurs résolutions pour les missions menées au-dessus du territoire italien. Désormais, avant chaque mission une ou plusieurs zones, selon la distance, doivent être déterminées, en accord avec les troupes au sol, pour permettre l’atterrissage forcé d’appareils endommagés afin de faciliter les recherches, et l’arrivée des secours. En parallèle, les membres d’équipages ont instruction de rester à proximité immédiate de l’épave sauf situations particulières. L’équipement est, en outre, renforcé puisque les équipages reçoivent désormais des cartes supplémentaires couvrant l’ensemble du territoire, tandis que la fourniture d’une cage de pigeons est envisagée afin de permettre une meilleure communication avec les troupes au sol. Cette pratique n’est pas nouvelle au sein de la SAAF puisque les unités de la Coastal Air Force en Afrique du Sud utilisent déjà cette solution. Une première expérimentation avec 200 oiseaux aura lieu à partir de février 1941.[1]
Deux Junkers Ju.86, du No.12 (SAAF) Squadron au Kenya. Au premier plan, on note le n°656 (c/n 086/2020, ex « ZS-AND »). Collection : SAAF Museum, via Tinus le Roux.
Cinq Hawker Hurricane du No.3 (SAAF) Squadron sont envoyés au Soudan, sous les ordres du Major Laurence A. Wilmot, pour rejoindre le No.1 (SAAF) Squadron, dont il prend le commandement. Comme précédemment, ils décollent à 7 h 10 en compagnie d’un Junkers Ju.52.
Enfin, le No.14 (SAAF) Squadron est déclaré opérationnel, en ce jour, sur Glenn-Martin. Une première mission est effectuée lorsqu’un des appareils (Major Charles Martin, Lieutenant H.A. Launder et Warrant Officer Farr) décolle, à 7 h 15, de Nakuru pour une reconnaissance photographique de Kismaayo. La mission est réussite, malgré une tentative d’interception par un chasseur italien.
[1] No.12 (SAAF) Squadron : War Diary. Kew : TNA, AIR/54/4 ; December – Narrative Northern Operations SAAF. Kew : TNA, AIR/54/9 ; BROWN, James Ambrose. A Gathering of Eagles : The campaigns of the South African Air Force in Italian East Africa (1940 – 1941). Cape Town : Purnell and Sons, 1970. p.97 à 98 ; MCLEAN, Steven. Squadrons of the South African Air Force and their aircraft (1920 – 2005). Cape Town : [s.n.], 2005. p.123 et 131 ; SHORES, Christopher ; RICCI, Corrado. Dust Clouds in the Middle East – The Air War for East Africa, Iraq, Syria, Iran and Madagascar, 1940 – 1942. London : Grub Street, 2010 (Reprinted). p. 81