17 Décembre 1940
Front Nord
Les bombardements continuent, dans la matinée, sur Port Soudan. La journée commence dès 9 h 20 suite à l’arrivée d’une formation de trois Savoia-Marchetti SM.79 à une altitude de 1 500 mètres, dont les bombes tombent sur l’aérodrome éponyme. Trois Hawker Hurricane Mk I du No.1 (SAAF) Squadron et deux Gloster Gladiator Mk II du K Flight décollent à la poursuite des bombardiers italiens. Le second de la formation est endommagé (moteur droit en feu) par le Major Lawrence A. Wilmot (n° 285), mais il peut s’échapper dans les nuages.[1]
Une seconde formation de quatre appareils du même type est signalée vers 10 h 50. Deux Gloster Gladiator Mk II et Deux Hawker Hurricane Mk I s’y opposent, mais là encore sans succès. Deux autres formations sont encore signalées peu après, mais les bombes sont larguées avant d’atteindre Port Soudan. De façon générale, une très forte couverture nuageuse est signalée, ce qui limite fortement l’action des belligérants durant ces actions.[2]
Front Sud
À la suite de l’occupation provisoire de fort italien d’El Wak et au retrait progressif des troupes durant les journées des 17 et 18 décembre, la crainte est désormais en de probables bombardements nocturnes de la Regia Aeronautica. Cette situation pose un problème certain puisque les Hawker Hurricane du No.2 (SAAF) Squadron ne sont pas autorisés à décoller (ou atterrir) en dehors de la journée afin de ne pas risquer le faible nombre d’appareils. Curieusement, les Hawker Fury, de la même unité, ne sont pas déployés sur place. Cet ordre impose de repousser le décollage des chasseurs après le lever du jour.
En conséquence, trois Hartbees (Captain Murray-Gardner, Major James T. Durrant et Lieutenant Johan D.W. Human) du No.40 (SAAF) Squadron décollent à 4 h 30 pour assurer la protection aérienne en attendant le décollage des chasseurs. Ils arrivent, cependant, trop tard pour empêcher trois Savoia-Marchetti SM.81 de mener un bombardement sur le fort. Ils sont suivis immédiatement par trois Caproni Ca.133 de la 8a Squadriglia BT sous les ordres du Capitano Raoul Gamba. Selon un soldat sud-africain :
« Il n’y a aucun endroit pour se cacher. Nous avons préparé nos fusils mitrailleurs Bren, tandis que la compagnie s’est plaquée au sol. C’est notre première expérience d’un bombardement, mais personne ne panique. Soudain, nous avons aperçu entre joie et incrédulité trois de nos Hartbees prendre de l’altitude pour tenter d’intercepter les Caproni. Depuis le sol, une lampe Aldis a envoyé le signal : Caproni, nord-est ».[3]
Après avoir largué les bombes, le Capitano Raoul Gamba ordonne à ses ailiers de rentrer, tandis qu’il effectue une reconnaissance pour apprécier les résultats du bombardement. Son appareil est, cependant, intercepté peu après par le Captain Murray-Gardner qui ouvre le feu, depuis l’arrière. Rapidement, une fumée blanche est aperçu s’échapper du Caproni Ca.133, probablement une fuite de carburant. Le Major James T. Durrant participe aussi à l’attaque, après avoir lâché ses bombes pour alléger son Hartbees. Dans le même temps, le Lieutenant Johan D.W. Human est contraint de rompre le combat suite à l’enrayage de ses armes. Le Caproni Ca.133, gravement endommagé, effectue un atterrissage forcé dans les environs. Le Captain Murray-Gardner en profite pour larguer son kit médical et des cigarettes à l’équipage italien. Le Capitano Raoul Gamba est effectivement blessé à la jambe droite, ainsi que deux autres membres d’équipages.
Les Italiens peuvent, néanmoins, mettre le feu à l’épave, puis s’enfuir pour rejoindre leurs troupes.[4] Curieusement, la version de Raoul Gamba diffère légèrement puisqu’il indique avoir été victime d’un Hawker Hurricane.[5] Pourtant, l’ORB du No.2 (SAAF) Squadron indique clairement l’absence de ses appareils, dont le décollage a été retardé d’une heure en attendant le levé du jour.
Hartbees en patrouille au-dessus de la frontière du Kenya. Collection : SAAF Museum, via Tinus le Roux.
Deux Hawker Hurricane supplémentaires (Flight Lieutenant Robert S. Blake et Captain Alfred Q. Masson) rejoignent le terrain d’El Wak afin d’assurer la protection aérienne. Ils sont rejoints par les Captain Frank J.M. Meaker et le Second Lieutnant Adrian M. Colenbrander, déposés par un De Havilland DH.89. Les conditions sur place sont assez rudes puisqu’ils doivent passer la nuit, avec uniquement trois litres d’eau à disposition, et en dormant sous la carlingue des chasseurs.[5]
[1] SCHOEMAN, Michael. Springbok Fighter Victory : East Africa (1940 – 1941). Nelspruit : Freeworld. p.48 — 49.
[2] No.14 (RAF) Squadron, ORB. The National Archives (Kew). AIR 27 / 192 ; K Flight, ORB. The National Archives (Kew). AIR 29 / 858.
[3] BROWN, James Ambrose. Springboks in Somalia and Abyssinia. Ashanti Publishing, 1990. p. 92.
[4] BROWN, James Ambrose. A Gathering of Eagles : The campaigns of the South African Air Force in Italian East Africa (1940 – 1941). Purnell, 1970. p. 102 et 103.
[5] SHORES, Christopher ; RICCI, Corrado. Dust Clouds in the Middle East – The Air War for East Africa, Iraq, Syria, Iran and Madagascar, 1940 – 1942. London : Grub Street, 2010 (Reprinted). p. 85 et 86.
[6] No.2 (SAAF) Squadron, War Diary. The National Archives (Kew). AIR 54 / 2. SCHOEMAN, Michael. Springbok Fighter Victory : East Africa (1940 – 1941). Nelspruit : Freeworld. p.48 – 49.