14 Octobre 1940

14 Octobre 1940

Front Nord

À noter que la défense antiaérienne italienne revendique la destruction d’un appareil britannique au-dessus du port de Massawa[1], l’avion tombant en mer. On ne trouve, cependant, aucune trace de cet incident dans les archives britanniques. La seule présence d’un appareil anglais est celle du Vickers Wellesley K7715 (Sergeant James A. Burcher), du No.14 (RAF) Squadron qui effectue une mission de bombardement sur le port sans incident à noter.[2]

Les Italiens décident de renforcer la pression contre les convois britanniques en mer Rouge. Ainsi un combat s’engage, en fin de matinée, entre deux bombardiers italiens (probablement des Savoia Marchetti SM.79 du 44bis Gruppo BT) et le Bristol Blenheim T2072 (Flying Officer Kenneth B. Corbould) du No.203 (RAF) Squadron. L’action ne semble avoir aucune conséquence pour les différents équipages.[3]

 

Front Sud

Quatre Fairey Battle du No.11 (SAAF) Squadron : n°905 (Captain Johan L.V. de Wet ; Air Sergeant R.J. van Heerden), n°916 (Captain D.W. Allam ; Air Sergeant J.B. Lockwood), n°902 (Lieutenant Cornelius A. van Vliet ; Air Sergeant J.L. Wright) et n°918 (Lieutenant Murdoch Macdonald ; Air Sergeant Paul C. Marais et Albert Schrooder) décollent de Archers Post pour attaquer l’aérodrome de Jimma à 9 h 45. Le dernier appareil est chargé de procéder à une reconnaissance photographique après l’attaque.

Ils sont interceptés, après le bombardement, par deux Fiat CR.32. Dans le combat qui s’engage, les pilotes italiens revendiquent deux appareils endommagés. Effectivement, les n°902 et n°905 rentrent endommagés sur l’aérodrome de Lodwar. Côté sud-africain, un Caproni Ca.133 est signalé détruit au sol.[4]

Le Captain Johan L.V. de Wet et le Lieutenant J.E. Lindsay du No.11 (SAAF) Squadron sur l’aérodrome de Archers Post. Collection : SAAF Museum Swartkops  via Tinus le Roux.

 

Selon le Lieutenant Cornelius A. van Vliet :

« Il était courant à cette époque de régler le compas sur un cap direct vers la cible, puis de faire l’inverse au retour. Globalement, rouge sur le rouge vers la cible, puis rouge sur noir pour rentrer à la maison. C’était le seul système de navigation, aucune radio ou même de l’oxygène pour voler haut.

Après avoir volé en formation, avec Jannie de Wet, pendant environ quarante-cinq minutes, je décide de regarder sérieusement mon compas et m’aperçois, soudain, qu’il est positionné rouge sur rouge et non vers le noir ! Je me rapproche, donc, de Jannie et commence à faire des signes de la main pour lui faire comprendre qu’il faut faire demi-tour (nous n’avons pas de radio), mais il ne comprend évidemment pas mes mouvements. Je suis sur le point de faire demi-tour seul lorsque nous apercevons au loin une large rivière. Heureusement Jannie réalise qu’il s’agit du Nil bleu et que nous ne sommes plus très loin d’Addis-Abeba. Il me fait signe de passer devant et je tourne immédiatement à 180°.

Après un calcul rapide, je me rends compte que nous aurons de la chance si nous atteignons à temps le territoire ami, l’économie de carburant sera donc vitale. Je décide de monter jusqu’à 6 500 mètres, soit le maximum sans réservoir d’oxygène et réduit les gaz au minimum. Je suis, à ce moment, en vol depuis 6 heures et un besoin présent commence à se faire sentir. Heureusement, je dispose de la cartouche vide d’une fusée de détresse à cet effet. Alors que nous sommes en approche de la frontière, j’essaye de prendre la direction du terrain avancé de Lodwar lorsque, brusquement, Jannie quitte la formation. Je pense, immédiatement, qu’il est tombé à court de carburant. En réalité, il connaissait l’existence d’un terrain à Lokitaung, près du lac Tukana à proximité immédiate de la frontière.

Ce n’était pas mon cas, et faute de radio, impossible de m’avertir. Je sais, alors, que mes chances d’atteinte Lodwar sont très faibles et je décide d’aller le plus loin possible. La zone étant semi-désertique, mes chances de réussir un atterrissage forcé sont relativement élevées. Cependant, si le terrain ressemble à un grand terrain d’aviation à 6 500 mètres, la situation s’avère très différente au ras du sol avec de nombreuses choses très peu plaisantes. Je suis, toujours, très étonné de n’avoir touché aucun rocher lorsque de mon atterrissage forcé.

Après être sorti de l’appareil, je récupère avec le Sergeant Wright nos gourdes d’eau et nous commençons la longue marche vers Loodwar soit environ 100 km. Nous marchons longtemps jusqu’à la nuit lorsque nous apercevons au loin les lumières d’un véhicule de l’armée qui nous ramène à Lokitaung où nous retrouvons Jannie, dont l’appareil est fortement endommagé notamment suite aux tirs des Fiat CR.32 au-dessus de l’objectif.

Le lendemain, retour à mon appareil avec du carburant pour pouvoir ravitailler et rejoindre Lodwar. Durée totale du vol : 7 h 40 min, probablement un record pour l’escadron sans réservoirs largables. »[5]

Extrait du carnet de vol du Lieutenant Cornelius A. van Vliet. Collection : Chris Teale / Elize Grobbelaar of SAAF museum Ysterplaat, via Tinus le Roux.

Bombardement de l’aérodrome de Jimma par les Fairey Battle No.11 (SAAF) Squadron. On note la présence de plusieurs Caproni Ca.133. Il pourrait s’agir de la mission du 14 octobre 1940. Collection : SAAF Museum Swartkops via Tinus le Roux.

[1] SHORES C., RICCI C. « East Africa ». In : Dust Clouds in the Middle East – The Air War for East Africa, Iraq, Syria, Iran and Madagascar, 1940 – 1942. London : Grub Street, 2010. p. 67 ; SUTHERLAND J., CANWELL D. Air War East Africa 1940 – 1941. The RAF versus the Italian Air Force. Barnsley : Pen & Sword, 2009. p. 69.

[2] « 14 october 1940 », No.14 (RAF) Squadron : Operations Record Book (Form 540 and Form 541). Kiew : TNA, AIR 27 / 192.

[3] « 14 october 1940 », No.203 (RAF) Squadron : Operations Record Book (Form 540 and Form 541). Kiew : TNA, AIR 27 / 1198.

[4] « 14 october 1940 », October – Narrative Norther Operations SAAF. Kew : TNA, AIR/54/8 ; « 14 october 1940 », No.11 (SAAF) Squadron : War Diary. Kew : TNA, AIR/54/3 ; BROWN J. A. A gathering of Eagles, the campaigns of the South African Air Force in Italian East Africa 1940 – 1941. Cape Town : Purnell, 1970. p. 85 ; MCLEAN S. Squadrons of the South African Air Force and their aircraft (1920 – 2005). Cape Town : [s.n.], 2005. p.4 ; SHORES C., RICCI C. « East Africa ». In : Dust Clouds in the Middle East – The Air War for East Africa, Iraq, Syria, Iran and Madagascar, 1940 – 1942. London : Grub Street, 2010. p. 67 ; SUTHERLAND J., CANWELL D. Air War East Africa 1940 – 1941. The RAF versus the Italian Air Force. Barnsley : Pen & Sword, 2009. p. 69.

[5] TIDY P.D., South African Air Aces of World War II, Major Cornelius A. van Vliet ; in South African Miliaty History Journal, vol 2, n°6, décembre 1973 : http://samilitaryhistory.org/vol026dt.html 

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