7 Novembre 1940
Front Nord
Malgré les évènements dramatiques de la journée précédente, les Britanniques n’abandonnent pas l’idée de peser sur le plan aérien, quoiqu’ils fassent preuve de davantage de prudence. Quatre Gloster Gladiator du No.1 (SAAF) Squadron décollent à 5 h 25 pour escorter cinq Vickers Wellesley du No.47 (RAF) Squadron chargés de bombarder les positions italiennes à Metemma.
Après l’attaque, une formation d’au moins trois Caproni Ca.133 et trois Savoia-Marchetti SM.79 est repérée en direction de Gallabat. Les Sud-Africains se préparent immédiatement à engager l’adversaire lorsqu’ils se retrouvent, une fois de plus, confrontés à plusieurs Fiat CR.42. Le Lieutenant Robin Pare revendique rapidement la destruction d’un chasseur italien, mais il est lui-même contraint à un atterrissage forcé après avoir été touché au moteur. À noter que la documentation italienne ne fait pas état de cet affrontement aérien. Toujours est-il qu’avec la perte d’un chasseur supplémentaire, le No.1 (SAAF) Squadron est mis hors-jeu pour le reste de la journée. Devant l’absence d’une couverture par la chasse, le No.47 (RAF) Squadron et le No.430 (RAF) Flight reçoivent l’ordre de suspendre les opérations aériennes.
Équipages du No.47 (RAF) Squadron, sur un terrain avancé, pendant la bataille de Gallabat. Collection : Imperial War Museum.
La situation au sol pour les troupes britanniques devient progressivement de plus en plus ingérable. Les bombardiers italiens sont en mesure de multiplier les bombardements. Les blindés du 6th Royal Tank Regiment, engagés sur un terrain très rocailleux, sont progressivement éliminés par les mines et les incidents techniques, tandis que les bombardiers italiens réussissent à détruire les véhicules transportant les pièces de rechange. Harcelées par la Regia Aéronautique et l’artillerie sur un terrain empêchant de creuser la moindre protection, les troupes britanniques souffrent de plus en plus. En milieu d’après-midi, les Caproni Ca.133 détruisent un convoi de munitions déclenchant une violente explosion faisant croire à une attaque italienne par les arrières.
Vue sur des fumées s’échappant des environs de Gallabat. Collection : Imperial War Museum.
Un moment de flottement se répercute au sein des troupes. Une partie du 1st Battalion, Essex Regiment commence à quitter ses positions près du fort de Gallabat. Le mouvement est progressivement interprété par le reste de l’unité et les hommes du 3rd Royal Garwhal Rifles comme un début de retraite. Les officiers tentent de reprendre le contrôle de la situation sans succès. Les soldats britanniques et indiens lâchent leurs armes pour embarquer dans les véhicules et fuir le fort. Devant ces premiers mouvements, la panique s’empare de l’ensemble du dispositif qui se désengage des positions. Face à la situation, et entendant des rumeurs concernant le mouvement de plusieurs bataillons italiens en renfort (informations en réalité erronées), le Brigadier General William Slim n’a d’autres choix que d’ordonner ou plutôt de confirmer l’évacuation immédiate de Gallabat et la destruction de tout le matériel sur place, notamment les blindés endommagés.
Pour la RAF et la SAAF, la situation est autrement plus délicate puisque les deux unités de chasse ont été quasiment décimées. Le K Flight ne se remettra pas de cette saignée. Chargés d’assurer la protection aérienne de Port Soudan jusqu’en décembre 1940, les pilotes seront progressivement renvoyés vers l’unité mère, le No.112 (RAF) Squadron en Égypte, tandis que les derniers éléments seront envoyés en Palestine pour participer à la formation du No.250 (RAF) Squadron. De son côté, le No.1 (SAAF) Squadron reçoit le renfort de pilotes en provenance du No.2 (SAAF) Squadron basé au Kenya, dont le Capitain Gerald J. le Mesurier chargé d’en prendre temporairement le commandement.