17 Mai 1940
Dans la matinée, plusieurs sections du No.615 Squadron décollent de Moorsele pour effectuer diverses patrouilles, dont on connait les détails pour au moins deux d’entre elles.
Ainsi, les trois pilotes détachées du No.229 (RAF) Squadron (Pilot Officer John E.M. Collins, Malcolm Ravenhill et Victor B.S. Verity) décollent à 05h30. Selon le rapport de combat du Pilot Officer Malcolm Ravenhill (P2907) :
« Je vole, en zig-zig, en direction de Bruxelles. Mon chef de section attaque un Henschel Hs.123. Une forte défense antiaérienne me force à virer sur la droite (le n°3 me suit, mais nous perdons contact avec le leader en raison d’un problème de fréquence radio). Quelques minutes plus tard, j’aperçois (à 06h25) un appareil adverse isolé qui patrouille le long de la Meuse. L’avion porte un camouflage marron et vert au-dessus et d’un vert plus pâle en dessous. Je l’attaque par l’arrière en le prenant par surprise. Il plonge vers le sol en émettant une fumée noire, avant de redresser près du sol. Aucun tir de défense depuis l’arrière. Alors que j’observe, j’aperçois un autre appareil similaire et je l’attaque immédiatement. À environ 180 mètres, le mitrailleur arrière ouvre le feu et je vois des balles se diriger vers moi. Je continue de m’approcher, jusqu’à 90 mètres, avant de tirer une longue rafale, avant de virer à seulement 9 mètres de l’appareil ennemi. Le Henschel Hs.123 se retourne immédiatement, pour s’écraser au sol. Je découvre, alors, que je suis seul. Je décide de continuer ma patrouille à l’ouest de Bruxelles. Je décide, finalement, d’atterrir à Compiègne où des Français m’informent que je suis en réalité à 50 kilomètres au sud de Lille. Je décolle, donc, avec pour objectif de rejoindre Vitry-en-Artois, mais je me retrouve rapidement perdu au-dessus d’une zone boisée et décide finalement d’un atterrissage forcé dans un champ après une panne de carburant. Je suis réceptionné, sur place, par la police locale de Forges-les-Eaux, et je rejoins l’aérodrome de Poix par la route avant d’embarquer dans un avion pour Abbeville ».[1]
L’identification des appareils concernés est délicate. Si Brian Cull[2] fait référence à un appareil des 1.(H)/14 et 1.(H)/23, Peter D. Cornwell[3] s’oriente vers un Henschel Hs 123 de la 3.(H)/41 qui s’écrase près de Mons tuant l’un des membres d’équipage, tandis que le second est blessé (Oberstleutnant Graf von der Schulenburg).
Peu après, une autre section décolle vers 09h30. Un Junkers Ju.88 est revendiqué par le Flight Lieutnant James G. Sanders entre Charleroi et Wavre. Effectivement, un Junkers Ju.88 A-1 (L1+AR) s’écrase près de Flines-lez-Raches, vers 10h15, tuant tout l’équipage (Oberleutnant Ernst Schwartz, Gefreiter Alfred Dudeck, Oberfeldwebel Bernard Rinke et Gefreiter Georg Fuhrmann)[4]. Le Hawker Hurricane Mk I semble, cependant, touché par les tirs défensifs puisque le pilote est contraint à un atterrissage forcé, quoique son appareil est signalé comme réparable.
Si quelques autres sorties ont lieu dans l’après-midi, sans événements particuliers, les Flying Officer Anthony Eyre et Richard D. Pexton rejoignant le terrain de Glisy, à bord du Miles Master N7577, pour réceptionner deux nouveaux Hawker Hurricane Mk I[5].
Miles Master – Source : Wikipedia, l’encyclopédie libre
[1] Pilot Officer Malcolm Ravenhill, Combat Report, The National Archives, Kew. AIR AIR 50/86/32.
[2] CULL, Brian ; LANDER, Bruce ; WEISS, Heinrich. Twelve Days in May. The Air Battle for Northern France and the Low Countires, 10 – 21 May 1940, as seen through the eyes of the fighter pilots involved. London : Grub Street, 1999. p.186.
[3] CORNWELL, Peter D. The Battle of France, Then and Now : Six Nations Locked in Aerial Combat, September 1939 to June 1940. Old Harlow : After the Battle, 2007. p.307.
[4] Une fois de plus, cette revendication est controversée puisque Arnaud Gillet (GILLET, Arnaud. La Luftwaffe à l’ouest – Les victoires de l’aviation de chasse britannique (10 mai 1940 – 23 mai 1940). Béthenville : Arnaud Gillet, 2008. p.243) et Peter Taghon (TAGHON, Peter. La Lehrgeschwader 1 : L’Escadre au Gruffon. Tome 1. Lela Press, 2017, p.56) attribue la victoire au Flight Lieutnant Ian Soden du No.56 (RAF) Squadron qui revendique aussi un Ju.88 vers la même heure dans des conditions concordantes. De surcroit, l’absence d’un rapport de combat signé par le Flight Lieutnant James G. Sanders empêche d’obtenir davantage de précisions quant à cet évènement.
[5] CULL, Brian ; LANDER, Bruce ; WEISS, Heinrich. Twelve Days in May. The Air Battle for Northern France and the Low Countires, 10 – 21 May 1940, as seen through the eyes of the fighter pilots involved. London : Grub Street, 1999. p.187.