The Italian Blitz - Richard Worrall
Richard Worrall. The Italian Blitz (1940–43) : Bomber Command’s war against Mussolini’s cities, docks and factories. Osprey, 2020. 96p.
Comme le fait remarquer l’auteur, force est de constater que si l’action du Bomber Command au-dessus de l’Allemagne est relativement bien documentée, il en est autrement des bombardements ayant touché d’autres pays européens dont notamment l’Italie.
Pourtant les bombardements menés contre l’Italie, outre d’être relativement nombreux, présentent plusieurs caractéristiques intéressantes à noter :
- Ils s’articulent à travers plusieurs séries de Campagnes dont les objectifs et les méthodes varient : entre les nécessités d’appuyer les opérations britanniques en Méditerranée ou des bombardements stratégiques plus classiques.
- Ces opérations aériennes présentent des différences non négligeables avec l’Allemagne : faible défense antiaérienne ; caractéristique des bâtiments réduisant l’efficacité des bombes incendiaires ; le difficile passage des Alpes ; une concentration très localisée (Turin / Gênes / Milan essentiellement) ; une volonté d’éviter de viser des villes caractérisées par un riche patrimoine historique et culturel (plusieurs villes comme Florence étant interdite, tandis que des attaques contre Rome seront régulièrement évoquées, mais systématiquement repoussées).
- Ces campagnes de bombardement répondent à un fort impact politique notamment à partir de fin 1942 avec l’objectif de faire chuter le régime en démoralisant la population (d’où la volonté de lourdement viser des villes comme Turin et Milan considérés comme des foyers de l’opposition de gauche), ainsi que le menacent d’une reprise des bombardements durant les négociations avec le Gouvernement de Badoglio durant l’été 1943.
Malheureusement l’ouvrage souffre aussi d’un défaut non négligeable. Il s’agit essentiellement d’une histoire des bombardements de l’Italie vue du Bomber Command et des décideurs britanniques. L’auteur ne cite aucune source italienne (archives ou publications) et s’appuie ici principalement sur les travaux de Claudia Baldoli (laquelle est effectivement l’une des spécialistes italiennes en la matière). Cela est particulièrement visible dans la brève présentation de la défense italienne (active et passive), laquelle manque de consistance. Cela est dommageable, car il reste difficile d’appréhender le résultat de ces bombardements tel que vécu par les Italiens (populations civiles, militaires et gouvernement). Il en ressort néanmoins que l’Italie s’est avérée incapable de s’opposer à ces attaques faute du développement d’une chasse de nuit, et d’une organisation rationnelle de la défense antiaérienne.
En conclusion, The Italian Blitz, malgré l’originalité de son sujet reste finalement très classique dans son approche : l’analyse de la stratégie britannique (sous l’angle du Bomber Command) face à l’Italie. Mais d’un autre côté, c’est peut-être aussi les limites d’un fascicule Osprey de 90 pages…
À noter que l’auteur : Richard Worrall est un universitaire britannique (University of Manchester) dont les travaux précédents portent sur le Bomber Command (une partie de ses travaux sont disponibles ici https://www.mmu.ac.uk/hpp/staff/profile/index.php?id=4031) et qui a participé au programme de recherche « Bombing, States and Peoples in Western Europe 1940-1945 » (http://humanities.exeter.ac.uk/history/research/centres/warstateandsociety/projects/bombing/)