
19 Janvier 1941
Front nord
Le General William Platt lance aujourd’hui son assaut depuis le Soudan. L’objectif est de s’emparer de l’Érythrée et de priver les Italiens de la capacité de menacer les voies de communication en mer Rouge, en particulier le port de Massawa. Pour atteindre ce but, il peut compter sur deux divisions indiennes, soit les 4th et 5th Indian Infantry Divisions, ainsi que sur un escadron blindé, le B Squadron, équipé des chars légers Matilda, qui dépendent du 4th Royal Tank Regiment.
Quatre Bristol Blenheim Mk IV, du No.14 (RAF) Squadron, effectuent un bombardement sur Massawa dans la nuit du 18 au 19 janvier (22 h – 2 h 40). Durant cette opération, ils lancent des tracts de propagande pour inciter, sans succès, la population locale à se soulever. Trois coups au but sont revendiqués contre les projecteurs de la base navale.[1]
Après une longue interruption, le No.237 (Rhodesia) Squadron reprend des activités. Trois avions (Lysander L4676, Hawker Hardy K4314 et K5921) survolent toute la journée les secteurs de Kassala et Tesseney pour soutenir les troupes de reconnaissance de la 4th Indian Infantry Division.[2] Les Gloster Gladiator et Hawker Hurricane du No. 1 (SAAF) Squadron effectuent plusieurs sorties pendant la journée pour éloigner la chasse adverse. En fin de matinée, une rencontre avec cinq Fiat CR.42 est signalée, mais sans affrontement.[3]
Front sud
Afin de préparer la prochaine attaque contre El Yibo, le 8th S.A. Field Battery, ainsi que des automitrailleuses additionnelles provenant de la No.2 S.A. Armoured Car Company et du 2nd S.A. Field Force Battalion, sont dépêchés en renfort durant la nuit du 18 au 19 janvier. La nouvelle attaque est lancée à 8 h 15, lorsque l’artillerie sud-africaine, équipée de canons 18-pounder, ouvre le feu sur les positions italiennes pendant environ 30 minutes. À 8 h 50, trois Hartbees arrivent sur le secteur pour appuyer les troupes au sol. Comme les jours précédents, les soldats du Natal Mounted Rifles chargent à la baïonnette, poussant des cris de guerre zoulous, tout en menant des assauts frontaux.[4]
Selon un pilote du No.40 (SAAF) Squadron :
« Les aviateurs ont de la difficulté à comprendre pourquoi le commandement ne lance pas d’attaques sur les flancs plutôt que de persister dans un assaut frontal, alors que nous sommes largement supérieurs en nombre. (…) Nous apercevons des billonnettes des Natal Mounted Rifles qui avancent prudemment au soleil, sans un seul tir en notre direction. Seuls quelques corps gisent dans les tranchées frappées par notre artillerie. Les Italiens ne sont plus là. »[5]
Le journal du soldat Douglas Baker est très succinct sur ce dernier assaut :
« Le matin suivant, El Yibo a été occupé. En réalité : les oiseaux s’étaient envolés dans la nuit. »[6]
Les soldats sud-africains ne trouvent plus grand monde sur place : un officier italien et dix-neuf irréguliers ont été tués, deux autres blessés. En début d’après-midi, le 2nd S.A. Field Force Battalion parvient à occuper le puits d’El Sardu, mais ce dernier a été saboté et les Sud-Africains doivent l’abandonner.
Les journaux sud-africains peuvent donc annoncer la victoire éclatante de ses troupes qui ont capturé une position italienne redoutable sans déplorer une seule perte :
« un exploit qui sera difficile à égaler dans les annales militaires britanniques ».
Néanmoins, la réalité apparaît rapidement après l’interrogatoire d’un des rares prisonniers : El Yibo et El Sardu n’étaient occupés que par un détachement composé de sept Italiens et d’une centaine d’irréguliers des Banda et neuf mitrailleuses. Les autres se sont repliés sur Hobok.[7]
Il est inutile de souligner que le General George E. Brink (1st South African Division) est loin d’être satisfait lorsqu’il prend connaissance des premiers rapports. Le General Alan G. Cunningham remarque que, « compte tenu de ses résultats, la Brigade serait probablement plus à son aise en défendant un parcours de golf ». Il souligne que « l’utilisation des mitrailleuses était manifestement inadéquate et que les ordres étaient souvent contradictoires ». De plus, il déplore le fait que « les officiers n’ont pas estimé utile de planifier une évaluation préalable avant l’assaut, tout en faisant preuve d’un manque flagrant d’ingéniosité pour s’adapter ».
[1] No.14 (RAF) Squadron : Operations Record Book (Form 540 and Form 541). Kew : TNA, AIR 27/192.
[2] No.237 (Rodesia) Squadron : Operations Record Book (Form 540 and Form 541). Kiew : TNA, AIR 27/1450.
[3] No.1 (SAAF) Squadron : War Diary. Kew : TNA, AIR/54/1.
[4] ORPEN Neil. East African and Abyssinian Campaigns : https://www.ibiblio.org/hyperwar/UN/SouthAfrica/EAfrica/EAfrica-8.html ; KATZ, David Brock. South Africans versus Rommel : The Untold Story of the Desert War in World War II. Stackpole Books, 2017.
[5] J.-A. BROWN, The War of a Hundred Days, Springboks in Somalia and Abyssinia (1940 – 1941), Johannesburg, Ashanti Publishing, 1990, p.110.
[6] KATZ, David Brock. South Africans versus Rommel : The Untold Story of the Desert War in World War II. Stackpole Books, 2017.
[7] ORPEN Neil. East African and Abyssinian Campaigns : https://www.ibiblio.org/hyperwar/UN/SouthAfrica/EAfrica/EAfrica-8.html
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