27 Août 1940

27 Août 1940

Front Nord

 

Cette journée voit une partie du No.14 (RAF) Squadron engagée dans une mission spéciale. En effet, à la mi-août 1940, le commandement local de la RAF est contacté par les services de renseignement. Selon ces derniers, la Regia Aeronautica a prévu de tenter, aux alentours du 20 août, une opération de ravitaillement vers l’AOI. À cet effet, plusieurs Savoia-Marchetti SM.79 doivent quitter Benghazi pour atterrir dans la soirée sur une piste aménagée en plein désert, d’où ils doivent repartir à l’aube vers l’Érythrée. Après une longue recherche, l’une de ces pistes est identifiée près de la frontière entre la Libye et le Soudan, au Jebel Uweinat. Toutefois, la neutralisation de ces appareils apparaît des plus délicates : les Savoia-Marchetti SM.79 volant de nuit, une interception par la chasse est impossible et une destruction préalable de la piste est inutile. La seule solution consiste à surprendre les Italiens pendant la phase de ravitaillement par un bombardement. Là encore, les difficultés sont nombreuses puisqu’il convient pour les Britanniques de repérer, de nuit, une simple piste aménagée en plein désert et d’attaquer pendant un court délai d’environ une heure.

Le No.14 (RAF) Squadron est alors consulté et un groupe de cinq équipages est constitué sous les ordres du Flight Lieutnant Deryck C. Stapleton.

Le Flight Lieutenant Deryck Cameron Stapleton, No.14 (RAF) Squadron. Il est vu ici ultérieurement (années 1950) avec le grade de Group Captain.

Le détachement part pour le terrain avancé de Wadi Halfa, le 24 août. Le 27 août, le code « Gin and Tonic », annonçant l’ordre d’attaque immédiate, est reçu à 13h00. Les cinq Vickers Wellesley décollent immédiatement pour prendre la direction de la cible. Les appareils sont équipés d’un mixte de bombes 40lb incendiaires et à fragmentation. Un problème se pose, cependant, immédiatement. En effet, la cible est située à environ 650 km de Wadi Halfa soit environ huit heures de vol, ce qui correspond plus ou moins à l’autonomie des Vickers Wellesley.

Selon Stapleton :

« [entre Wadi Halfa et le Jebel Uweinat se trouve] un désert que Dieu a probablement oublié lors de la création. Strictement rien, sauf du sable et des rochets. Aucun village, eau, végétation, tout est stérile, dure et sans point de repère. (…) Le ciel est bleu, la visibilité est bonne, uniquement quelques nuages près du sol. Pendant les quelques derniers 80 km, la formation descend au raz du sol pour faire une approche discrète. Au moment où le soleil se couche, la silhouette d’une montagne se dessine à l’horizon, le reste d’un volcan éteint, un tas de roches rouges facturées de toute part. Les appareils se placent en ligne, la sécurité des bombes est désactivée, la piste apparaît, devant, bien camouflée par la montagne. Le navigateur a bien son boulot (…). »

Il est, alors, prévu une première passe à la mitrailleuse pour endommager les appareils italiens, une seconde pour larguer les bombes, et un retour immédiat vers la base. Toujours selon Stapleton :

« je vois une manche à air, en lambeau, une pompe de ravitaillement, la piste, mais … aucun avion. Tout ce vol pénible, et il n’a rien : pas même un bâtiment, un hangar ou un véhicule sur place pour recevoir toute notre frustration (…) ».

Les Vickers Wellesley rentrent à 21h30 à la limite de leur autonomie, les moteurs d’un appareil s’arrêtant même au roulage.

Finalement, si cinq Savoia-Marchetti SM.79 semblent bien avoir quitté Benghazi, une violente tempête de sable aurait contraint la formation à rebrousser chemin, l’un d’entre eux s’écrasant en plein désert[1].

 

Front Sud

La Regia Aeronautica continue ses raids de nuisance puisqu’au moins deux Savoia-Marchetti SM.79 auraient attaqué Garissa, ainsi que deux appareils non identifiés sur El Katulo, sans conséquence[2].

Si l’activité de la SAAF se limite encore à quelques vols de reconnaissance du No.40 (SAAF) Squadron, quelques renforts bienvenus arrivent au Kenya. Si les premiers : deux Fairey Battle Mk I (n°917 et 918) et un Hawker Hurricane (n°272) sont fortement appréciés[3], les seconds sont plus critiqués. En effet, le No.2 (SAAF) Squadron reçoit six Hawker Fury supplémentaires. Selon le War Diary :

« six nouveaux ??? Fury sont assemblés et prêt à voler. Ils doivent sortir de l’arche de Noé. Les numéros : K5663 (207), K6669 (210), K3733 (208), K3735 (209), K5670 (212) et K5672 (211). Ils sont si vieux qu’ils tournent encore au 77 octanes »[4].

[1] « 27 august 1940 » 14 Squadron RAF : Operations Record Book (Form 540 and Form 541), op. cit.; M. Napier, Winged Crusaders: The Exploits of 14 Squadron RFC & RAF 1915-45, op. cit.

[2] « 27 august 1940 » 237 Squadron RAF : Operations Record Book (Form 540 and Form 541), op. cit.; « 27 august 1940 » Narrative northern operations SAAF, August 1940, op. cit.

[3] Order No 23, 24 August 19401 Fighter Squadron SAAF, War Dirary, op. cit.

[4] « 27 august 1940 » Ibid.; W. Brent, 85 tears of South African Air Force (1920 – 2005), op. cit., p. 45; A. Crawford et P. Listemann, Hawker Fury, Boé, Allied Wings, 2010, p. 43.

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